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Je n’ai jamais vraiment de journée sans douleur depuis que je fais de la polyarthrite rhumatoïde (PR), mais je me sens quand même beaucoup mieux quand il fait plus chaud. Je vis dans une ville froide et humide au nord de Vancouver, en Colombie-Britannique, où mon loyer et mes frais de subsistance sont plus élevés qu’ailleurs parce que je préfère éviter des conditions hivernales encore plus rigoureuses. C’est du moins un des arguments qui m’empêchent de déménager dans un endroit moins cher, mais plus froid. Parfois, je me demande quand même si je vais arriver à supporter toute cette pluie. L’ambiance est tellement maussade et sombre quand il pleut pendant 28 jours d’affilée. Ce n’est pas seulement la chaleur du soleil qui me manque, mais aussi le temps sec qu’il procure.

Quand j’étais plus jeune, je me demandais pourquoi je me sentais si minable entre octobre et mars ou avril, selon si on avait un printemps humide ou non. J’étais jeune et naïve; je ne savais guère ce que le soleil et la magie de la vitamine D faisaient pour notre santé et notre humeur. J’ai des épisodes de dépression clinique depuis mon adolescence, et il est clair maintenant que ma condition s’aggrave pendant les mois d’hiver. Mais ce n’est que lorsque j’ai reçu un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde à 29 ans que l’ampleur de l’impact de Mère Nature sur moi est devenu évident.

Être plus en phase avec ma santé m’a permis de mieux comprendre comment l’hiver m’affecte physiquement et mentalement.

Ce que dit la science sur le lien entre polyarthrite rhumatoïde et hiver

Quelques théories expliquent pourquoi la polyarthrite rhumatoïde (ou toute forme d’arthrite) est pire en hiver, mais aucune n’a été prouvée. En tant que personne vivant avec l’arthrite, elles ont toutes un sens pour moi et contribuent probablement à leur manière à expliquer pourquoi je me sens moins bien pendant les mois les plus froids.

  • Certains médecins et chercheurs suggèrent que l’arthrite s’aggrave en raison de la baisse de la pression barométrique. Cette chute pourrait entraîner l’expansion des tissus comme les muscles, les articulations et les ligaments, ce qui exerce une pression accrue sur une articulation déjà serrée et aggrave les symptômes d’arthrite comme la douleur et la raideur.
  • Les températures froides peuvent affecter la circulation sanguine, causant des spasmes musculaires.
  • Un hiver froid et la diminution des heures de clarté déclenchent une réponse émotionnelle appelée le trouble affectif saisonnier, augmentant ainsi les sentiments de dépression et d’isolement. Cette réponse peut, à son tour, intensifier la perception de la douleur et de l’inconfort liés aux symptômes de la PR.

Comment mon arthrite change ma vie en hiver

Mes articulations grincent plus

Il ne fait aucun doute que lorsque les températures chutent, mes articulations grincent un peu plus. Quand il fait froid à l’extérieur, je peux littéralement sentir le froid au plus profond de mes articulations. Cette sensation est décuplée dans les articulations où je fais à la fois de la polyarthrite rhumatoïde et de l’arthrose.

La polyarthrite rhumatoïde est causée par mon système immunitaire hyperactif qui attaque mes articulations, provoquant une inflammation et un gonflement. L’arthrose, quant à elle, est causée par la dégradation du cartilage dans une articulation à cause de l’usure, de la surutilisation, des blessures ou de l’âge. Il n’est pas rare que les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire comme la PR fassent également de l’arthrose dans la même articulation.

Ma douleur peut alors être sourde quand je reste trop longtemps assise ou plus vive lorsque mes muscles se contractent en réaction à la morsure du temps froid.

Mes habitudes de sommeil se dérèglent

Lorsque le soleil commence à se coucher vers 16 heures, j’ai du mal à rester éveillée. En revanche, je me réveille très tôt. Je vis sur la côte ouest, mais j’ai l’impression que mon corps fonctionne à l’heure de l’Est. Je suis souvent prête à partir plusieurs heures avant quiconque autour de moi, ce qui peut parfois me faire paraître un peu solitaire. En hiver, j’ai tendance à éviter ou à annuler les rendez-vous ou les réunions en soirée, car ma fatigue est pire.

Je suis beaucoup moins productive

Mon niveau de productivité baisse en même temps que la température. L’activité physique m’aide définitivement à faire plus en une journée, mais c’est plus difficile d’être physiquement actif en hiver. Je trouve également que la chaleur du soleil semble stimuler mon bien-être émotionnel et physique. Il est simplement plus facile de faire les choses lorsque vous n’avez pas à vous soucier des températures glaciales, de la pluie ou de la neige.

Je suis beaucoup moins active physiquement

Avouons-le : qui veut faire de l’exercice à l’extérieur avec la PR en hiver? Même s’aventurer à l’extérieur pour aller au gym (avec les précautions contre la COVID-19, bien sûr) peut être un combat mental. Je dois vraiment me battre avec moi-même et ma fatigue quand il pleut, ce qui arrive souvent ici. Vancouver est une forêt tropicale et les jours de pluie, j’ai juste envie de boire du thé et de faire la sieste. Cependant, même si ça semble être l’idée du siècle, lorsque je suis moins active, mes symptômes d’arthrite augmentent. Et quand je fais trop de siestes, mes habitudes de sommeil sont encore plus déréglées.

Mes émotions passent à travers un tourbillon de changements inconfortables

De nombreuses recherches suggèrent qu’un manque de vitamine D peut avoir un impact bien réel sur la santé mentale. J’ai passé au travers de suffisamment d’hivers canadiens avec une dépression clinique pour que je puisse le confirmer. En plus d’un apport réduit en vitamine D, d’autres problèmes liés à l’hiver influent négativement sur mon humeur. Pendant les mois d’hiver, il me semble que mon niveau de stress augmente avec le temps des fêtes, l’anniversaire de mon fils en décembre, les changements météorologiques imprévisibles de la Colombie-Britannique, la saison du rhume et de la grippe et ma maladie chronique.

Je mange moins bien

L’hiver est une période très difficile pour éviter les aliments sucrés, tellement délicieux, mais pas très santé. D’abord, il y a des fêtes toutes les quelques semaines qui favorisent fortement la consommation de glucides, d’alcool et de sucre, trois facteurs qui déclenchent des poussées pour de nombreuses personnes atteintes de maladies chroniques. Puis, après toutes ces festivités, la plupart d’entre nous devons nous reposer pour récupérer. À cause de ma PR, il me faut plus de temps que la plupart des gens pour recharger mes batteries après le rush du temps des fêtes.

Je ne sais pas pour vous, mais je fais toujours une crise peu après l’Action de grâce, les anniversaires, Noël, le Nouvel An et toutes les autres fois où je prends trop de friandises, de repos et d’alcool. J’ai de la difficulté à me remettre sur le droit chemin en hiver parce que ma motivation à faire de l’exercice ou à prioriser une saine alimentation est faible et parce que le sucre est une dépendance dont il est difficile de se débarrasser.

De plus, les fruits et légumes frais sont tellement plus chers ici pendant l’hiver, contrairement aux mois d’été où ils sont facilement disponibles auprès des marchands locaux.

J’ai plus de malaise, de fatigue et de poussées d’arthrite

Si je ne me bourre pas la face de malbouffe à cause de l’ennui l’hiver, c’est possiblement parce que je ressens plus de malaise et une grande fatigue, qui font que la nourriture est la dernière chose que je veux ou que j’ai l’énergie de gérer.

Le malaise et la fatigue ont tendance à aller « main arthritique dans la main arthritique ». Le malaise est « un sentiment général d’inconfort, de maladie ou de malaise dont la cause exacte est difficile à identifier » ou ce que je veux dire quand je dis que la PR me donne l’impression d’avoir la grippe tout le temps. Lorsque ce symptôme est actif – ce qui est courant le matin pour moi – je peux avoir de la difficulté à manger, tout comme préparer la nourriture et faire les courses. Les conditions hivernales rendent également les courses plus difficiles, surtout pour les personnes qui ne conduisent pas.

Lorsque je suis dans une poussée sévère et que je ressens une fatigue continue, je peux vraiment avoir du mal à manger ou à préparer les repas. Lors de ma pire poussée au début de mon diagnostic de PR, j’ai perdu énormément de poids, car je ne faisais plus d’exercice et je ne quittais plus mon lit. En combinaison avec la dépression associée à mon diagnostic et à ma lutte pour trouver le bon traitement pour ma PR, je dormais jusqu’à 18 heures par jour. Une fois réveillée, juste penser à de la nourriture me dégoutait. Ne pas me nourrir suffisamment fait baisser ma glycémie, ce qui abaisse la température de mon corps. Quand je n’arrive pas à manger, j’ai plus froid, et pas seulement en hiver.

Votre réponse au froid pourrait être un signe d’autre chose

J’ai remarqué que mes mains et mes pieds étaient continuellement froids, mais ne viraient pas tout à fait au blanc comme le symptôme associé à la maladie de Raynaud. J’avais toujours froid et je n’arrivais presque pas à me réchauffer, y compris lors d’une chaude journée d’été. Il s’est avéré que j’avais une rare carence en cuivre qui affectait mon système nerveux et ma circulation. Depuis que je prends les vitamines et les suppléments prescrits par mon médecin, j’ai constaté que ma tolérance au froid s’est un peu améliorée. Une intolérance au froid peut également être un signe de problèmes de thyroïde, de diabète ou d’autres problèmes de santé. Si vous avez constamment froid, parlez-en à votre médecin afin que vous puissiez travailler ensemble pour trouver ce que ça cache.

Comment je gère la saison hivernale avec la polyarthrite rhumatoïde

Le temps hivernal n’est pas facile, mais au fil des années, j’ai développé les stratégies et les trucs suivants pour arriver à passer au travers.

Procurez-vous une excellente paire de bottes

Je ne peux pas assez souligner l’importance d’avoir de bonnes bottes d’hiver lorsque vous faites de la polyarthrite rhumatoïde. Non seulement elles vous aideront à être plus actif malgré votre PR, mais vous garderont également au chaud, au sec tout en vous évitant de glisser sur la glace ou la neige.

Portez des couches légères, mais chaudes

De nombreux types de tissus et le poids de certaines vestes ou bottes sont interdits pour moi à cause de ma polyarthrite rhumatoïde et mon arthrose. Un blouson ou un chapeau trop lourd peut agacer mes articulations et mes muscles. Je fais attention de ne porter que des tissus amples et légers pour éviter tout agacement supplémentaire. Il est également important de trouver des tissus qui ne me font pas mourir de chaleur ou qui ne se superposent pas. La PR peut faire augmenter votre température, ce qui peut devenir inconfortable si vous entrez et sortez de bâtiments chauffés. Vous ne voulez pas porter de couches lourdes ou avoir trop chaud et transpirer.

Ayez une routine d’exercice à la maison

Avoir une routine d’exercice à la maison peut être très bénéfique, non seulement en hiver, mais aussi lors des jours où vous n’arrivez pas vraiment quitter la maison, peu importe le moment de l’année. Rappelez-vous que « le mouvement, c’est comme de l’onguent ». Alors, pendant les mois où nos articulations grincent davantage, l’exercice peut être un médicament.

Prenez plus de vitamine D

Cet hiver, je prends de la vitamine D et je fais de la luminothérapie pour m’aider à prévenir la dépression, à renforcer mon système immunitaire et peut-être même à me protéger contre la COVID-19. De faibles niveaux de vitamine D peuvent jouer un rôle dans votre sensibilité à la douleur arthritique. Pendant les mois d’hiver, il est particulièrement important de consommer suffisamment de cette « vitamine soleil », car vous êtes moins susceptible d’obtenir suffisamment de vitamine D de sa source principale : la lumière du soleil. Demandez à votre médecin si vous pourriez bénéficier de suppléments de vitamine D en plus de manger des aliments riches en vitamine D comme les poissons gras, les œufs, les produits laitiers ou les céréales enrichis.

Mangez sainement avant, pendant et après le temps des fêtes

Ne vous inquiétez pas, je ne l’écris pas que pour vous le rappeler. Je l’écris pour me le rappeler à moi aussi. Pour passer au travers des ballonnements comme des réjouissances du temps des fêtes, j’essaie d’incorporer le plus de plats sains possible dans mes repas des fêtes ou de manger des aliments sains avant d’engloutir les moins santé si tentants. Me remplir de fruits et légumes frais m’aide à ne pas abuser de la malbouffe. J’ai aussi commencé à préparer en moins grandes quantités les recettes les plus riches. Ainsi, les restes me tenteront moins longtemps.

Évitez les personnes qui sont malades

Ce conseil est devenu fréquent avec la COVID-19, mais il est important de le suivre même lorsque la pandémie de coronavirus s’atténuera. De nombreux médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde doivent être arrêtés temporairement si une personne développe une infection respiratoire, ce qui est courant pendant la saison du rhume et de la grippe. Devoir arrêter vos médicaments et combattre une maladie alors que votre corps a plus de mal à récupérer que pour quelqu’un en bonne santé pourrait aggraver votre arthrite.

Demandez plus d’aide

Lorsque le sol est recouvert de beaucoup de neige ou d’une glace vive, il ne fait aucun doute que les déplacements peuvent être plus difficiles pour une personne ayant des problèmes de mobilité ou d’équilibre. L’hiver est le moment idéal pour utiliser les services de livraison afin de réduire vos risques de chutes et de blessures.

Trouvez ce qui vous réchauffe

Ce qui me réchauffe peut être une combinaison de plusieurs choses, y compris siroter des tisanes, utiliser un sauna ou un jacuzzi, tremper dans un bain chaud ou me reposer avec une couverture ou un coussin chauffant. Faire des câlins à mes chats, à mon fils et à mon copain m’aide aussi à me réchauffer et me réconforte quand il fait mauvais dehors.

Trouvez ce qui vous apporte de la douceur et du confort pour vous réchauffer pendant les périodes de froid glacial. Et sachez que ça finira par passer, comme une poussée d’arthrite.

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