0421_How_Yoga_Saved_Me

Inspire, expire. Shavasana.

Allongée dans la posture du cadavre, je regarde le ciel bleu à travers la fenêtre de mon salon. Il est tôt et le soleil commence à peine à envahir les toits. Le chant des oiseaux est une mélodie désordonnée, mais de cette discorde sort une beauté exquise. J’inspire profondément, tourne sur le côté et m’installe en position assise. J’ai éteint le feu dans mon corps et calmé mon esprit agité. Je suis prête à affronter la nouvelle journée et à naviguer dans un monde incertain.

C’est un état d’esprit totalement différent de celui que j’avais il y a dix ans, lorsque j’ai reçu un diagnostic précoce de polyarthrite rhumatoïde (PR).

Je suis danseuse et actrice. J’ai monté sur la scène dès l’âge de cinq ans pour des spectacles de ballet et de claquettes. J’ai joué dans ma première comédie musicale à l’âge de onze ans. Au cours des trente années suivantes, j’ai fait du cinéma indépendant et du théâtre à Vancouver et j’ai étudié divers types de danse. Ma vie était très axée sur le physique et je me réjouissais de la puissance de mon propre corps. Je l’avais entraîné à faire l’impossible, en le manipulant pour faire des formes artificielles et belles sous les lumières de la scène. Puis l’inattendu s’est produit : au sommet de ma santé physique, on m’a diagnostiqué une maladie rhumatismale qui venait menacer ma mobilité, autour de laquelle tournait ma vie.

Quand la PR a pris le contrôle de mon corps

Mon corps a changé. La douleur et l’inflammation associées à la PR compliquaient l’exécution de mouvements gracieux. J’étais habituée à la douleur. Les danseurs ne peuvent pas échapper aux foulures, aux entorses, aux ligaments déchirés, aux ecchymoses, aux ampoules et aux pieds ensanglantés. Nous anticipons la douleur et nous la traversons. Elle nous fait savoir à quel point nous travaillons dur.

Mais la douleur associée à ma polyarthrite rhumatoïde était complètement différente. Impossible de comparer la sensation de brûlure constante qui descendait dans mes membres à une blessure de danse. Mes membres enflés refusaient d’être manipulés, me ralentissaient et m’empêchaient de progresser.

Et puis la fatigue est arrivée. J’avais l’habitude d’être fatiguée; c’est le résultat des longues heures de répétitions et de performances. Mais je n’étais pas habituée à avoir du mal juste à sortir du lit. La fatigue associée à ma PR m’accablait et me faisait me sentir lourde, comme si j’avais un poids de 50 livres attaché à chaque extrémité. Je n’arrivais plus à accomplir des tâches simples, comme laver la vaisselle ou nettoyer la salle de bain, sans m’épuiser.

Je ne reconnaissais plus mon corps et j’ai dû apprendre à bouger avec ces nouvelles limitations.

C’est ainsi que je me suis tourné vers le yoga. J’avais fait du yoga sporadiquement au fil des ans, en assistant à des cours de temps en temps avec un ami ou en faisant des postures de yoga pour m’échauffer avant un cours de danse. Le yoga a sa propre chorégraphie, passant d’une position à une autre. Il me semblait naturel de me tourner vers quelque chose de familier pour continuer à bouger.

Le yoga m’a aidé à maintenir ma force physique et mentale

Bien que le yoga ait commencé comme un moyen pour moi d’apprendre lentement à bouger dans mon nouveau corps, c’est rapidement devenu plus qu’un exercice physique.

L’objectif du yoga est de connecter le corps et l’esprit. La danse et le théâtre sont similaires en ce sens que vous devez toujours garder à l’esprit votre prochain mouvement. Et recevoir un diagnostic de PR a affecté mon esprit autant que mon corps. Face à la perte de ma capacité à bouger d’une certaine manière, je devais regarder vers l’avenir et planifier mon futur. Quel serait mon rôle dans l’univers artistique que j’ai créé si je ne pouvais plus performer?

En plus de garder ma forme physique, le yoga était pour moi un moyen de préserver ma santé mentale. C’était un moyen d’échapper au monde extérieur et de trouver une paix intérieure. Et c’est devenu particulièrement utile au cours de la dernière année, alors que le monde a fait face à la pandémie de COVID-19.

Le stress de m’inquiéter d’une maladie en plus de ma maladie chronique et l’isolement provoqué par la COVID-19 ont engendré un nouveau genre d’anxiété et de peur. Faire du yoga quotidiennement est devenu mon remède pour conserver mon bien-être mental. Et ça m’a aidé à me sentir calme dans un monde chaotique.

Essayer le yoga est plus facile que vous ne le pensez, même en faisant de l’arthrite

Plusieurs personnes peuvent se sentir intimidées à l’idée de commencer à faire du yoga, surtout les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire qui provoque des douleurs et des raideurs articulaires. Penser aux personnes qui se contorsionnent pourrait en effrayer plusieurs qui pourraient craindre que ces postures inconnues créent de la douleur, causent des dommages ou même déclenchent une poussée d’arthrite. J’étais déjà habituée au yoga et j’étais prête à passer à un niveau supérieur. Donc, le processus ne m’a pas intimidée. Je sais que plusieurs pensent que le yoga est difficile, mais ce n’est pas différent de n’importe quel autre programme d’exercice. Il faut du temps et de la pratique pour se sentir à l’aise.

L’une des beautés du yoga est la variété. Avec autant de types différents de yoga, le Hatha, le Shakti, l’Ashtanga, pour n’en citer que quelques-uns, il est facile d’en trouver un qui convient à votre corps et à vos besoins. De plus, le niveau de difficulté varie. Le yoga peut être complexe, comme la posture du « corbeau » (en équilibre sur les mains alors que les coudes reposent sur les genoux) ou très simple, comme la posture du « cadavre » (allongé sur le dos, les bras le long du corps, en respirant).

Le yoga est également flexible et vous permet de découvrir votre propre mouvement et votre propre rythme. Vous êtes vraiment au cœur de la pratique.

Alors, comment commencer?

La première et vraiment la seule chose que vous devez faire est de trouver un cours. Bien que les studios offrent un excellent environnement pour apprendre la pratique du yoga et rencontrer d’autres adeptes, certaines personnes préfèrent commencer chez elles. (Surtout en ce moment avec la pandémie de COVID-19.) Heureusement, il existe un certain nombre d’applications et de séries YouTube dédiées à l’enseignement du yoga aux débutants. Vous devrez peut-être en essayer quelques-uns avant d’en trouver un qui répond à vos besoins. Ne vous découragez pas si vos premiers cours ne vous conviennent pas.

En ce qui concerne l’équipement, vous avez seulement besoin de vêtements confortables et d’une serviette pour le sol. Au fur et à mesure que vous avancerez, vous envisagerez peut-être d’investir dans un tapis et des blocs. Mais ce n’est pas nécessaire pour commencer.

Lorsque vous commencerez votre apprentissage du yoga, n’oubliez pas de pratiquer votre patience. Il faut du temps pour que votre corps et votre esprit apprennent à travailler ensemble. Mais une fois que vous serez en mesure d’atteindre cette communion, vous trouverez un calme dans lequel vous pourrez puiser lorsque votre vie devient chaotique.

J’ai commencé mon apprentissage du yoga pour garder un peu de ma vie quand je dansais. Maintenant, le yoga me soutient dans tous les aspects de ma vie.

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