photo d'une femme comparant une pomme et une orange français

Se comparer aux autres semble être tellement ancré en nous que je commence à penser que c’est génétique ou bien que c’est un phénomène culturel profondément enraciné. L’évaluation de nos performances commence tôt dans la vie et l’habitude de se comparer nous poursuit dans notre quotidien. Elle peut servir de motivation et nous inspirer, et parfois, nous aider à nous sentir mieux. Mais est-elle vraiment utile?  

Lorsque vous vivez avec la polyarthrite rhumatoïde (PR) ou n’importe quelle autre maladie chronique, se comparer aux autres peut nous blesser et blesser les autres. Nous vivons dans une culture basée sur la concurrence, dont fait partie la comparaison. Il y aura toujours quelqu’un qui va mieux ou moins bien que vous. Alors, comment faire pour se déconnecter de l’envie de se comparer et accepter notre propre réalité avec la PR? 

Quand la comparaison nous blesse

Je ne serai jamais capable de faire ce qu’elle fait. 

Lorsque vous regardez quelqu’un qui semble capable d’en faire plus que vous ou qui a plus de compétences, de capacités, de succès ou une meilleure santé, vous vous dirigez tout droit vers la dépression et le cafard. Vous finissez par accorder beaucoup d’importance aux éléments que vous comparez et vous vous concentrez sur vos manques. En plus, ces pensées vous font oublier toutes les autres raisons pour lesquelles vous êtes un être humain merveilleux et que vous avez de la valeur. Et ces raisons perdent toute leur importance face à un seul aspect de votre vie qui va moins bien pour vous que pour l’autre personne.  

Les médias sociaux ne sont pas la seule cause de cette situation, mais ils y contribuent certainement. Nous savons que les gens choisissent ce qu’ils publient pour projeter une image de marque, ce qui laisse très peu de place pour la vraie vie souvent bordélique. Hors de portée de la caméra, nous sommes tous dans le même bateau, mais c’est difficile de s’en souvenir quand on ressent toutes ces émotions. Je les ai ressenties moi-même, il y a longtemps, mais sûrement aussi il y a quelques minutes. La comparaison dure un instant, mais je finis toujours par me rabaisser. Désapprendre cela demande du travail et de se rappeler sans cesse sa propre valeur.  

Quand la comparaison blesse les autres

Certaines personnes sont bien plus mal en point que moi, donc je ne devrais pas me plaindre. 

Je ne peux pas vous dire combien de fois quelqu’un m’a dit qu’on ne devrait pas se plaindre d’avoir eu une dure journée ou un mal de dos, par exemple, parce que moi j’ai l’air de bien gérer ma douleur chronique, mon handicap, mes nombreuses maladies chroniques, etc. Inévitablement, la pitié et les stéréotypes implicites dans ce commentaire me font me sentir toute petite. J’ai beau être parfaitement heureuse avec qui je suis, mais dans ces moments-là, je sens quand même qu’on me croit inférieure, digne de pitié et diminuée.  

Décrire quelqu’un comme « le plus mal en point » est un jugement qui n’a pas sa place dans une relation ou une interaction sociale, pas même avec des étrangers. Non seulement vous diminuez l’autre personne, mais vous niez également vos propres émotions. Croire que vous n’avez pas le droit d’être contrarié par l’impact de la PR sur votre vie invalide certaines émotions très réelles et très probablement appropriées dans votre situation.  

Il faut considérer votre PR dans le contexte de votre vie. Par exemple, si vous étiez un athlète et que vous ne pouviez plus faire d’exercice, il est absolument normal que vous ressentiez des émotions en y pensant. De même, si vous pouviez nettoyer votre maison et sortir danser avec des amis tout de suite après et que maintenant passer l’aspirateur vous met KO pour le reste de la journée. C’est objectivement une situation de merde. De même, le fait que j’utilise un fauteuil roulant parce que ma PR a affecté ma capacité à marcher n’a aucun rapport avec votre expérience de la PR. Nier votre peine, votre colère et votre dépression à propos de la façon dont la PR a changé votre vie vous empêche de faire sortir ces émotions pour éventuellement mieux vivre avec votre condition.  

Quatre conseils pour arrêter de vous comparer

Désapprendre l’envie de se comparer à autrui est un processus qui peut prendre beaucoup de temps (j’y travaille toujours). Les quatre conseils suivants peuvent vous aider à démarrer ce processus : 

Reconnaissez vos sentiments

Souvenez-vous que vous avez droit à vos émotions, quelles qu’elles soient. Portez attention à ce que vous ressentez. Puis, au lieu de les refouler immédiatement ou de vous dire que vous exagérez (ça m’est arrivé), laissez-les émerger. Prenez un moment pour y penser et reconnaissez que c’est ce que vous ressentez à propos d’une situation particulière. Envisagez de trouver un thérapeute si vous pensez qu’il vous serait utile d’être guidé dans ce processus. Vous pouvez demander une recommandation à votre médecin de famille ou consulter la fonction de recherche sur le site Web de Psychology Today pour trouver quelqu’un dans votre région. (NDLT : Il est possible de sélectionner « Français » dans les critères de recherche.) 

Soyez gentil avec vous-même

Nous avons été élevés pour être gentils avec les autres, mais nous nous offrons rarement la même considération. Je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes si durs avec nous-mêmes. Chaque fois que j’ai surpris mon cerveau en train de tenir un discours intérieur négatif, ce sont des pensées méchantes que je ne laisserais jamais quelqu’un dire à un ami. Alors pourquoi est-ce que je me laisse me les dire à moi? Accordez-vous aussi un peu d’amour et de compréhension. Lorsque vous remarquez une pensée négative dirigée contre vous-même, arrêtez-vous et rappelez-vous que personne n’est autorisé à vous parler de cette façon, pas même vous-même. 

Limitez les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux peuvent être un outil formidable pour ceux d’entre nous qui vivent avec une maladie chronique. C’est là que j’ai trouvé une communauté que je chéris et que je me suis fait beaucoup de bons amis. Cependant, passer trop de temps sur les réseaux sociaux n’est pas bon pour moi parce que ça alimente ce que j’appelle la « maladie de la comparaison ».  

Nous avons tous vu passer les articles qui nous suggèrent de mieux organiser le flux de nos réseaux sociaux, en arrêtant de suivre les personnes qui nous font nous sentir mal, et c’est un bon conseil. Limiter le temps que vous passez sur les réseaux sociaux est tout aussi précieux. Très souvent, nous ouvrons une plateforme sans même y penser. Gardez plutôt les icônes de réseaux sociaux hors de votre écran d’accueil. Pendant les périodes où vous êtes plus vulnérables à vous comparer sur les réseaux sociaux, envisagez de supprimer complètement les applications de votre téléphone. 

Entraînez-vous à connaître votre valeur

Si comme moi, vous avez tendance à sous-estimer à quel point vous êtes merveilleux, essayez d’apprendre à arrêter de le faire. Par exemple, apprenez à accepter les compliments avec un simple merci, plutôt que de sortir une réponse maladroite. Vous pouvez également essayer de vous faire des compliments. Pendant un mois, écrivez chaque jour quelque chose que vous aimez ou appréciez chez vous. Les premières semaines sont assez faciles, mais vous commencerez ensuite à réfléchir à des raisons plus profondes de vous apprécier. Tenir un journal de gratitude peut également vous aider à apprécier davantage votre vie. Chaque soir, écrivez trois choses de la journée que vous avez appréciées, dont vous êtes reconnaissant ou qui vous ont fait sourire. D’après mon expérience, c’est un moyen infaillible de commencer à aimer beaucoup plus sa vie. 

Prêter attention à la « maladie de la comparaison » pourrait vous aider à vous rendre compte à quel point elle est ancrée dans nos vies et notre culture. Vous seriez surpris de voir à quel point la vie peut être plus paisible et joyeuse lorsque vous commencez délibérément à stopper l’envie de vous comparer et à être plus gentil avec vous-même. 

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