Photo de J. G. Chayko, une patiente atteinte de polyarthrite rhumatoïde sur une falaise regardant l'eau
Crédit: J. G. Chayko

Tout au long du mois, la lune traverse plusieurs phases. Elle croît et décroît à un rythme régulier tous les 30 jours. Les femmes traversent aussi des phases au cours de leur vie : jeune fille, mère, aînée. De jeune fille, nous passons à l’âge adulte et c’est à ce moment que nous devenons mère. Certaines d’entre nous auront des enfants. D’autres, comme moi, n’en auront pas, mais, chaque mois, nos règles nous rappelleront que nous portons toutes ce cadeau de la vie.

Pendant des décennies, nos règles suivront le même rythme croissant et décroissant de la lune tous les 30 jours environ. Cependant, contrairement à la stabilité prévisible du cycle lunaire, notre corps et notre esprit passeront tranquillement à un rythme autre au milieu de notre vie.

Rendues à cette étape, nous avons acquis une certaine sagesse et un certain équilibre. Nos esprits sont plus calmes; beaucoup de choses ne semblent plus aussi urgentes. Nous apprenons et grandissons toujours, mais à un rythme plus serein qui rivalise avec les aspirations frénétiques de nos jeunes années.

Et juste au moment où j’étais enfin à l’aise avec ma place dans le monde, mon corps s’est soudainement retourné contre moi. Et j’ai recommencé à agir comme une adolescente maussade.

Place à la ménopause.

Mais ce n’était pas la première fois que je voyais mon corps se dérégler. C’était déjà arrivé il y a des années, quand on a diagnostiqué ma polyarthrite rhumatoïde (PR).

Ménopause et polyarthrite rhumatoïde : un dur coup double

À la ménopause, notre corps entre dans une nouvelle phase, mais cette transition est loin d’être gracieuse. C’est un peu comme si nos hormones avaient fait une fête bien arrosée toute la nuit. La baisse des niveaux d’œstrogène et de progestérone provoque toutes sortes de dérèglements : des cycles menstruels sporadiques au ralentissement du métabolisme en passant par le sentiment constant d’être fatiguée, de mauvaise humeur et confuse. C’est comme si nous essayions constamment de récupérer d’une mauvaise gueule de bois, tout en plongeant la tête première dans le monde désagréable des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes.

Toutefois, faire de la polyarthrite rhumatoïde pendant des années m’a peut-être un peu préparée à faire face à cette période d’incertitude.

La ménopause peut s’accompagner de toutes sortes de symptômes remarquablement similaires à ce que nous ressentons avec la PR : douleurs articulaires, fatigue, problèmes digestifs, problèmes de sommeil, prise de poids, perte de densité osseuse et fonte musculaire. Ajoutez les crampes, les palpitations cardiaques et les maux de tête, et nous avons une belle tempête biologique.

Un peu comme la PR. Non seulement il peut être difficile de distinguer les symptômes de la PR de ceux de la ménopause, mais cette dernière peut également exacerber les symptômes de la première. Entre la vague de chaleur sans précédent que nous avons eu l’été dernier à Vancouver, mes hormones de femme ménopausée et la PR, cette année a été un peu difficile.

Prendre soin de son corps

La polyarthrite rhumatoïde est déjà assez difficile sans que mes hormones en ajoutent. Alors, comment faire pour gérer les deux quand je n’arrive pas à comprendre laquelle est responsable? Mon rhumatologue a mentionné que la fluctuation des hormones pendant le cycle menstruel peut jouer un rôle dans le déclenchement d’une crise d’arthrite.

La bonne nouvelle est que plusieurs des saines habitudes de vie que j’ai adoptées pour gérer ma PR peuvent également soulager les symptômes de la ménopause.

De l’exercice (surtout de la musculation)

Faire attention à mon corps et activement prendre soin de moi sont essentiels pendant cette période de changement. La ménopause et la PR augmentent mon risque d’ostéoporose et je vais commencer à perdre de la densité osseuse. Donc, mon physiothérapeute m’a montré quelques exercices de force à ajouter à mon entraînement quotidien.

L’exercice m’aide à gérer la raideur et la douleur associées à la PR tout en aidant à réduire la perte de tonus musculaire causée par la baisse des niveaux d’œstrogène. Cela améliore également mon humeur et ma confiance en moi à mesure que je vieillis et que je réapprends à me sentir à l’aise dans un nouveau corps.

Une alimentation débordant de légumes

J’étais l’une de ces personnes chanceuses qui pouvaient manger tout ce qu’elles voulaient sans jamais prendre une livre. Mais avec le début de la ménopause, et des poussées de PR, mon métabolisme a ralenti et j’ai eu quelques changements dans ma santé digestive.

Maintenant, je fais un peu plus attention à mon alimentation. Je mange de légumes verts comme du chou kale et des épinards, et je m’assure d’ajouter des fibres pour garder mon intestin heureux. Maintenir une alimentation saine peut aider à réduire ou à prévenir l’inflammation dans le corps.

Plus d’eau, moins d’alcool

En augmentant ma consommation de liquide, je restaure les électrolytes, ce qui aide à réduire les ballonnements et les crampes abdominales. J’aime prendre un verre de vin, mais si j’en abuse, je le paie le lendemain soit par une poussée de PR, soit par des ballonnements de la ménopause. Ainsi, j’essaie de limiter ma consommation d’alcool et de boire beaucoup d’eau.

Du sommeil

Mon sommeil n’a jamais été ce qu’on pourrait appeler normal. Pour la majeure partie de ma vie, je fonctionnais bien avec quatre à six heures de sommeil par nuit. Mes habitudes de sommeil sont devenues encore plus fragiles, perturbées par la douleur de la polyarthrite rhumatoïde et les bouffées de chaleur de la ménopause.

Réduire mon temps d’écran au moins une heure ou deux avant de me coucher et faire du yoga doux aident mon esprit et mon corps à se détendre du stress de la journée. J’utilise également des applications de sommeil avec des sons pour masquer les acouphènes (bourdonnements dans les oreilles) occasionnels qui semblent avoir commencé juste au moment où mon cycle menstruel s’est mis à changer.

Porter des vêtements légers au lit, utiliser des draps en coton pour absorber l’humidité et abaisser la température ambiante sont des trucs qui aident à mieux tolérer la chaleur causée tant par une poussée d’arthrite que par la ménopause.

Prendre plus soin de soi

Je prends des bains chauds pour calmer la douleur dans mes articulations et mes muscles. J’utilise des sacs de glace pour réduire l’enflure et des bouillottes pour soulager les ballonnements et les crampes. Et, bien sûr, m’offrir un peu de bienveillance en allant au salon de coiffure ou au spa flottant et occasionnellement en recevant un massage aux pierres chaudes m’aide beaucoup à gérer l’imprévisibilité de la PR et de la ménopause.

Lorsque j’ai demandé à ma médecin si je pouvais prendre quelque chose pour atténuer les effets de la ménopause, elle m’a dit de l’appeler si je trouvais que ces changements me rendaient la vie insupportable, et nous pourrions discuter d’une hormonothérapie. Sinon, elle m’a assuré que ce qui se passait dans mon corps était normal et qu’un traitement conservateur était généralement suffisant pour y faire face.

Traverser cette tempête temporaire

Contrairement à la PR, cependant, la ménopause est temporaire. La plupart, sinon la totalité, de ces symptômes disparaîtront avec le temps. Certains symptômes pourraient persister, mais ils seront légers contrairement à la tempête de la ménopause.

C’est le cycle de la vie. Certaines d’entre nous l’acceptent avec grâce tandis que d’autres le combattront comme un taureau enragé. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons ni l’éviter ni l’arrêter, mais tout comme le cycle lunaire, je trouverai l’équilibre entre l’obscurité et la lumière pendant que mon corps entame sa transition vers une nouvelle phase.

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