Biosimilars

La polyarthrite rhumatoïde (PR) peut être difficile à traiter. Malgré une multitude de tentatives, nous n’avons pas encore de moyen pour prédire quel médicament fonctionnera le mieux pour une personne en particulier. Cependant, l’arrivée des médicaments biologiques sur le marché il y a un peu plus de 20 ans a changé complètement la donne pour le traitement de la PR.  

Grâce aux produits biologiques et à d’autres médicaments, la PR devient de plus en plus une maladie invisible. Pour ceux d’entre nous qui ont grandi à une époque où aucun traitement n’était disponible, cette évolution n’est rien de moins qu’un miracle.  

Malheureusement, ces médicaments miraculeux sont chers. Les médicaments biologiques peuvent coûter jusqu’à 20 000 $ par année, ce qui crée un fardeau important pour les personnes qui en ont besoin. En fait, en 2020, le Canada a dépensé à lui seul la somme faramineuse de 10 milliards de dollars en médicaments biologiques.  

Depuis, un équivalent médicamenteux plus abordable, les médicaments biosimilaires, a fait son entrée sur le marché. Mais une question demeure : leur arrivée changera-t-elle l’accès aux traitements pour la PR au Canada?  

Que sont les produits biologiques et les biosimilaires?

Les médicaments biologiques sont composés de grandes molécules complexes dérivées de cellules vivantes de plantes ou d’animaux. C’est ce qui les distingue des autres types de médicaments comme le Tylenol et le méthotrexate qui sont fabriqués à partir de petites molécules chimiquement synthétisées. Cette différence est cruciale lorsqu’on parle des versions génériques de médicaments.  

Lorsqu’une compagnie pharmaceutique crée un nouveau médicament, celui-ci est protégé par un brevet pendant un certain nombre d’années afin d’empêcher la production de versions génériques. Une fois le brevet expiré, d’autres compagnies sont autorisées à créer des versions génériques du médicament. Bien que les médicaments génériques contiennent le même médicament, leurs liants peuvent être différents. 

Cependant, en raison de la nature complexe des produits biologiques, il est impossible de créer une copie exacte sous la forme d’un médicament générique. Par conséquent, le terme « biosimilaire » est utilisé pour décrire les médicaments dont l’action thérapeutique est similaire au médicament biologique d’origine, mais qui n’en sont pas des copies identiques. Pour plus d’informations sur ce sujet, reportez-vous au balado Breaking Down Biosimilars (en anglais) de CreakyJoints. 

Les médicaments biologiques et biosimilaires traitent diverses maladies, notamment les arthrites auto-immunes, les migraines et les cancers. Ils ciblent différentes cellules dans le corps selon la maladie traitée. Dans cet article, nous nous concentrons spécifiquement sur les biosimilaires utilisés pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. 

L’entité qui finance vos médicaments vous obligera-t-elle à passer à un biosimilaire?

Les médicaments biologiques ont eu un impact significatif sur le traitement de la PR. Pourtant, avec des coûts annuels allant de 10 000 $ à 20 000 $, de nombreux patients ne peuvent pas se permettre ces traitements miracles sans l’aide d’une assurance-maladie privée ou de leur régime provincial d’assurance médicaments. Malheureusement, de nombreux régimes d’assurance-maladie privés ne remboursent pas les produits biologiques, ce qui oblige les patients à recourir aux programmes provinciaux. Ces programmes offrent un financement aux personnes qui doivent prendre des médicaments couteux et comprennent généralement une franchise trimestrielle basée sur le revenu. Bien que les patients payent une fraction du coût des médicaments, le programme d’assurance médicaments en paie la majeure partie. 

Même si je suis fan des médicaments biologiques, je sais qu’ils sont ridiculement chers. Lorsqu’un gouvernement dépense l’argent des contribuables pour des traitements qui coûtent des milliards de dollars année après année, il doit trouver le moyen le moins coûteux de le faire. Les médicaments biosimilaires coûtent généralement 50 à 60 % du prix du médicament biologique correspondant, ce qui se traduit par des économies substantielles.  

En raison de ce potentiel d’économies, huit des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada ont mis en place des programmes de substitution vers les médicaments biosimilaires. Par exemple, PharmaCare, le programme provincial d’assurance médicaments de la Colombie-Britannique, a créé en 2019 l’initiative sur les biosimilaires pour les patients, élargissant les services de soins de santé en Colombie-Britannique en faisant passer les patients du médicament biologique de référence au biosimilaire équivalent.  

De même, le Programme de médicaments de l’Ontario (PMO) oblige depuis plusieurs années les personnes qui ont une ordonnance pour un nouveau médicament biologique à prendre le biosimilaire. Cependant, les personnes qui utilisaient déjà un médicament biologique ont été autorisées à le continuer. Récemment, l’Ontario a créé une politique de substitution biosimilaire qui oblige les personnes couvertes par le PMO à transitionner vers la version biosimilaire d’ici la fin de 2023. Dans un communiqué, la ministre de la Santé de l’Ontario, Sylvia Jones, a déclaré que cela permettrait à la province d’investir plus d’argent dans de nouveaux traitements médicamenteux et de bonifier la liste des médicaments remboursés. 

Il faut se rendre à l’évidence : si votre province n’a pas encore adopté une politique de substitution pour un biosimilaire, elle prévoit le faire. Si votre médicament biologique est financé par un programme provincial, vous devrez probablement passer à un biosimilaire.  

Les régimes privés d’assurance-maladie vont également dans cette direction. Cependant, la transition forcée pour des raisons non médicales est un sujet controversé. Tout le monde peut accepter d’utiliser une option moins coûteuse. Cependant, les patients qui ont une poussée d’arthrite après avoir fait la transition vers un biosimilaire devraient être autorisés à revenir à leur médicament biologique d’origine.  

À ma connaissance, dans cette situation, le rhumatologue doit demander au gouvernement une autorisation d’utilisation exceptionnelle pour des raisons humanitaires. La Société de l’arthrite appuie le changement de l’Ontario, mais déclare que les patients qui sont passés à un médicament biosimilaire et qui ont subi une poussée devraient être autorisés à retourner au médicament biologique d’origine. Crohn et Colite Canada appuie l’utilisation de biosimilaires chez les personnes qui n’ont jamais pris de médicaments biologiques auparavant, mais recommande aux personnes traitées avec un médicament biologique et dont l’état est stable de ne pas changer. 

Biosimilaires : entre espoir et anxiété

Celles et ceux d’entre nous qui vivent avec la PR comprennent l’importance de trouver une option de traitement moins coûteuse, d’autant plus que nous vivons nous-mêmes les défis associés à la hausse du coût de la vie. Les biosimilaires donnent de l’espoir à de nombreuses personnes atteintes de PR, et leur coût réduit pourrait permettre à davantage de personnes d’obtenir un financement pour les payer.  

Un jour, les gens pourraient même avoir l’autorisation de commencer un biosimilaire sans avoir à essayer d’abord d’autres médicaments. Un tel changement pourrait aider davantage de personnes à contrôler leur PR beaucoup plus rapidement, et l’argent économisé pourrait être investi dans la recherche pharmaceutique conduisant à de nouvelles options de traitement qui pourraient faire une différence significative dans la vie des gens. 

Cependant, beaucoup d’entre nous sont préoccupés par la transition forcée basée sur un changement règlementaire plutôt que sur une raison médicale. Comme personne qui prend le même médicament biologique depuis 17 ans, je partage cette préoccupation. Le médicament biologique que je prends contrôle parfaitement ma polyarthrite rhumatoïde. Avant de le commencer, mon inflammation était incontrôlable et me pourrissait la vie. Ce médicament biologique m’a sauvé la vie au propre comme au figuré. Et il continue de le faire au quotidien. Je suis inquiète à l’idée d’être obligée de changer. 

Bien que les biosimilaires aient subi des tests rigoureux pour démontrer qu’ils sont aussi sûrs et efficaces que le produit biologique de référence et qu’ils soient approuvés par les entités réglementaires, ces résultats proviennent d’études qui combinent les réponses d’un certain nombre de personnes. La question pour moi est de savoir si l’effet global sera le même pour moi comme individu. Alors que beaucoup ont fait le changement sans problème, je crains que la légère différence entre mon médicament biologique et le biosimilaire puisse entraîner une réaction différente dans mon corps. De plus, arrêter un médicament biologique ne garantit pas qu’il sera aussi efficace plus tard. 

J’ai grandi à une époque où l’absence d’options de traitement signifiait que la polyarthrite rhumatoïde causait de graves dommages. À 16 ans, j’utilisais un fauteuil roulant motorisé. Dans les années 2000, ma polyarthrite rhumatoïde était si incontrôlée que mes limitations fonctionnelles ne cessaient d’augmenter. Mon principal objectif pour ma santé n’est pas de devenir plus handicapée que je ne le suis déjà. Je suis assez stable depuis 17 ans maintenant, mais je sais que cette stabilité est très précaire.  

Une maladie, une blessure ou un changement de médicament pourrait chambouler ma vie. Et c’est moi qui en subirais les conséquences, comme la perte de ma capacité à travailler, même à temps partiel comme c’est le cas actuellement, à faire de longues promenades avec mon fauteuil roulant, à faire mes courses et à passer à travers la journée avec un niveau de douleur chronique intense, mais tolérable. La pensée de perdre cet équilibre et la capacité de vivre ma vie me terrifie. 

Que vous soyez inquiets comme moi ou que le début d’un biosimilaire vous apporte une bouffée d’espoir, il est important de parler de cette transition à votre médecin. Demandez-lui si vous pouvez prendre le temps d’en discuter en profondeur afin de lui poser toutes vos questions sans vous sentir pressé. Vous pouvez également consulter votre pharmacien. Il peut être une bonne source d’informations sur les médicaments. 

Au niveau individuel, les médicaments biosimilaires ont ajouté des options pour traiter la PR au Canada. Comme ces options coûtent moins cher, elles augmentent la possibilité de trouver un traitement capable de contrôler efficacement la PR. Cependant, l’impact des politiques de transition vers un médicament biosimilaire sur l’accès aux traitements en rhumatologie au Canada n’est pas encore connu. Il a fallu un certain temps pour que l’utilisation des biosimilaires prenne son envol au Canada, de sorte que les données sur les effets à plus grande échelle sur le traitement des maladies rhumatologiques sont en cours d’examen. 

Il est aussi important de se pencher sur l’utilisation des fonds économisés. Les communautés de personnes qui peuvent être traitées avec des médicaments biologiques et biosimilaires ainsi que les groupes qui les desservent demandent que l’utilisation de ces économies soit significative. Il pourrait s’agir de permettre à certains groupes de personnes d’avoir accès aux traitements ou de réinvestir les fonds économisés dans le développement de nouveaux médicaments pour ces maladies. 

Dans l’ensemble, les médicaments biosimilaires ont le potentiel de créer de nombreux changements positifs dans le traitement de la PR et de nombreuses autres maladies. Cependant, l’impact réel de l’augmentation de l’utilisation des biosimilaires reste à voir. 

Biosimilaires disponibles au Canada

En février 2023, plusieurs médicaments biosimilaires avaient été approuvés par Santé Canada pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. En voici une liste avec le nom du médicament biologique de référence pour chacun. Cette liste s’allongera à mesure que les brevets d’autres produits biologiques expireront. 

  • Adalimumab (Humira) : Abrilada, Amgevita, Hadlima, Hulio, Hyrimoz, Idacio. Simlandi
  • Etanercept (Enbrel) : Brenzys, Erelzi, Rymti.
  • Infliximab (Remicade) : Avsola, Inflectra, Ixifi, Remsina, Remsina SC, Renflexis.
  • Rituximab (Rituxan) : Riabni, Rihimyo, Ruxience, Truxima

 

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