Travel with RA: Homecoming
Credit: J.G. Chayko

Il est 3 h du matin à Albufeira, au Portugal. Dans le magnifique ciel couleur d’encre, on aperçoit le scintillement des étoiles et la pleine lune veille sur la ville endormie. Il est censé pleuvoir, mais alors que nous attendons notre chauffeur pour l’aéroport, il n’y a aucune trace de pluie, ni dans le ciel ni dans mon corps. En regardant le jardin lumineux à travers la porte patio, je murmure un adieu silencieux aux chats sauvages qui s’ennuieront de nous demain matin.

Notre vol part à 6 h de l’aéroport de Faro au Portugal. Il nous faudra trois vols et une escale de six heures pour atteindre les côtes de Vancouver et rentrer chez nous. Ce voyage a été réellement relaxant, une évasion bien méritée après deux ans de travail dans le domaine médical en pleine pandémie. L’épuisement professionnel est bien réel et il ne me restait plus grand-chose pour maintenir la flamme.

Se préparer à rentrer à la maison

Tout comme nous avons dû faire de nombreux préparatifs et prendre plusieurs précautions avant de partir en voyage, nous avons dû prendre beaucoup des mêmes précautions pour rentrer chez nous. La partie la plus inquiétante de notre voyage de retour a été l’escale de six heures à l’aéroport de Lisbonne.

Contrairement à la majeure partie de notre voyage, où nous avons évité les foules et eu peu de contacts avec les gens, l’aéroport m’a inquiété un peu. Il y avait tellement de monde et presque 90 % des personnes n’étaient pas masquées. Il n’y avait pas non plus d’endroit à part pour s’asseoir et manger, seulement une immense aire de restauration, rappelant un centre commercial. Il semblait n’y avoir aucun endroit où s’isoler et l’idée de manger dans ce grand espace ouvert était loin d’être attrayante. Cependant, il faudrait des heures avant que nous puissions manger ou boire à nouveau, alors nous n’avions pas le choix.

Du désinfectant pour les mains, un masque à portée de main et une table éloignée de la foule est le mieux que nous avons pu faire. Je craignais qu’après toutes les précautions que nous avions prises, c’est ici que nous allions perdre la bataille contre la COVID-19. Nous avons été chanceux, cela n’a pas été le cas.

Comme les compagnies aériennes canadiennes exigent toujours le port du masque, nous étions certains que notre sécurité et celle des autres seraient assurées lors de notre voyage de retour. À une époque où la pénurie de personnel fait rage dans les aéroports et les services qui y sont offerts, une autre conséquence de la COVID-19, nous étions préparés à de longs temps d’attente pour passer les douanes et la sécurité, et pour récupérer nos bagages. Tant bien que mal, nous avons réussi à éviter le chaos de la compagnie aérienne, et à passer la sécurité et les douanes en un temps record. En bonus, nos bagages sont rentrés à la maison en même temps que nous.

Décalage horaire

Le décalage horaire est l’une des nombreuses conditions qui peuvent réveiller la polyarthrite rhumatoïde (PR), si elle est tranquille pendant les vacances, comme cela a été le cas pour moi. Toutefois, le jour de notre retour, j’ai eu une poussée de diverticulite qui a attisé l’inflammation de ma PR. Ce n’était pas le voyage de retour le plus confortable et le moment était assez mal choisi, car je ne pouvais pas faire grand-chose pour me soulager. La fatigue était accablante à mon arrivée à la maison après avoir traversé plusieurs fuseaux horaires et passé 14 heures dans trois avions.

Les gens disent qu’il faut autant de jours que de fuseaux horaires traversés pour surmonter le décalage horaire. J’ai pris quelques jours de congé supplémentaires pour réinitialiser mon rythme circadien avant de retourner au travail. J’ai fait des siestes, j’ai pris du temps pour remettre mon horaire de médicaments sur les rails et je me suis accordé des jours de repos avant de reprendre une vie normale.

Il ne faut pas prendre le décalage horaire à la légère. Tout comme pour la polyarthrite rhumatoïde ou d’autres maladies chroniques, il peut entraîner des problèmes de santé. Le décalage horaire peut causer des problèmes gastro-intestinaux, des problèmes de concentration, de la fatigue et un brouillard cérébral. Il est important de prendre le temps de réinitialiser son horloge biologique, surtout si vous revenez d’un long voyage à l’étranger. Il m’a fallu quatre jours pour surmonter le décalage horaire de ce voyage et reprendre ma routine habituelle.

Sécurité à la maison

Même si je suis revenue chez moi en toute sécurité, j’ai continué de suivre les mesures de protection. Le Canada a temporairement retiré les tests aléatoires pour les voyageurs étrangers et une quarantaine n’est plus exigée. (Depuis l’écriture de ces lignes, le Canada a ramené les tests aléatoires avec 10 jours d’isolement en cas de test positif.) J’ai suivi la recommandation de me masquer dans tous les lieux publics pendant au moins 14 jours. Mon conjoint et moi n’avons présenté aucun symptôme de COVID-19, mais cela ne signifie pas que nous ne l’avions pas. Nous avons surveillé nos symptômes de très près et avons continué de porter le masque. Comme nous avons suivi les mêmes mesures de protection que nous suivions en vacances, ce n’était pas vraiment un ajustement.

Le retour de la PR

Le climat de Vancouver n’est pas le même qu’au Portugal, où la chaleur sèche a tempéré ma PR. Nous avions laissé une température de 25 degrés Celsius et un temps ensoleillé pour un frisquet 11 degrés Celsius et un ciel couvert. Le lendemain matin, je me suis réveillé plus raide que je ne l’étais avant même de partir en vacances. Le voyage de retour a été dur sur mon corps et ce dernier a sûrement été un peu ébranlé de quitter la chaleur sèche et réconfortante pour une humidité étouffante. Il lui a fallu un moment pour se réajuster. Après quelques poussées, mon corps a pu reprendre le dessus.

Ramener un peu du voyage avec soi

Au retour de vacances, il est trop facile de retomber dans une routine, qui peut parfois être malsaine, ramenant tout le stress que nous transportions avant de faire une pause. L’Europe a tout compris sur le mode de vie équilibré. Les gens mettent l’accent sur d’autres valeurs qu’ici, comme le temps passé en famille et avec des amis ou éviter de dépenser toute son énergie au travail.

En Amérique du Nord, nous n’avons pas encore trouvé comment cultiver ce mode de vie. Nous sommes toujours dans une course inexplicable pour voir qui peut travailler le plus dur et le plus longtemps. Au final, cela dépend de notre qualité de vie et de ce que nous sommes prêts à accepter. Si je peux apprendre à m’insuffler un peu de cette énergie des vacances, ma vie sera plus facile à gérer, et ma PR aussi.

Pas besoin de faire le globe-trotter pour prendre des vacances. Il est possible de faire tout ce que nous ferions en vacances à la maison. Nous pouvons prendre le temps de faire des activités que nous aimons. Prendre des pauses et profiter des environs. Explorer sa ville ou son village. Faire les touristes en allant à la plage, au lac, à la montagne. Profiter d’un après-midi à l’extérieur, accompagné d’un repas ou d’une boisson. Lire sur la terrasse ou dans le parc. Faire un pique-nique, commander de la cuisine du monde pour se donner l’impression d’être dans un autre pays. Le but est de prendre du temps pour soi et de trouver un équilibre.

Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas garder la même énergie et le même état d’esprit que nous avons lorsque nous sommes en vacances pour l’insuffler dans notre vie quotidienne.

La douceur du foyer

Reprendre une vie normale après les vacances me fait ressentir un mélange d’émotions. D’un côté, je me sens toujours mieux dans mon propre lit, à la maison avec mes livres, mon travail, ma famille et mes amis. De l’autre, voyager me permet de voir une autre facette du monde, de rencontrer de nouvelles personnes, d’en apprendre davantage sur la vie ailleurs et de renouveler mes sentiments d’acceptation et de compréhension. La maison est notre refuge contre un monde impitoyable, mais il est parfois nécessaire de s’en échapper pour un court moment, ne serait-ce que pour l’apprécier davantage à son retour.

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