« Il est important de traiter la polyarthrite rhumatoïde de manière précoce et agressive. »
Cette phrase revient souvent dans les entrevues avec un rhumatologue, dans les articles sur la polyarthrite rhumatoïde (PR) et dans le bureau du médecin. Je ne mets aucunement en doute sa véracité, mais comme pour beaucoup d’autres choses, la réalité est souvent bien différente. Je vous propose d’examiner certains des obstacles à l’obtention des médicaments dont les patients ont besoin accompagnés de conseils sur la façon de les surmonter.
Obstacles au traitement
Le traitement de la PR est souvent confronté à plusieurs obstacles, le premier étant l’obtention d’un rendez-vous avec un rhumatologue. J’ai déjà discuté ici de la pénurie de rhumatologues au Canada, l’une des causes majeures du temps nécessaire pour recevoir un diagnostic et qui peut s’échelonner souvent sur plusieurs mois. Et quand le diagnostic est long à obtenir, le traitement l’est aussi.
Même lorsque vous obtenez enfin une ordonnance, rien ne garantit que le premier médicament que vous essayez sera celui qui traitera adéquatement votre polyarthrite rhumatoïde. Malheureusement, nous n’avons pas encore de test qui permet de savoir quel médicament fonctionnera le mieux pour une personne donnée. Donc, il faut parfois plusieurs essais avant d’en trouver un qui élimine efficacement et rapidement les symptômes. Assurez-vous d’informer votre rhumatologue de l’impact de la polyarthrite rhumatoïde sur votre vie et de partager tout changement que vous remarquez après la prise d’un nouveau médicament. Cela l’aidera à ajuster le traitement au besoin.
Il existe également un autre obstacle de taille au traitement de la PR dont on parle rarement au Canada : le coût des médicaments. Bien que nous ayons des soins de santé universels qui couvrent le coût des rendez-vous chez le médecin et des tests médicaux, nous sommes livrés à nous-mêmes lorsqu’il s’agit de payer les médicaments que nos médecins nous prescrivent.
Bien que le gouvernement fédéral actuel s’approche tranquillement de la création d’un régime national d’assurance médicaments qui ajouterait les médicaments à la couverture offerte par le système de santé universel du Canada, ce n’est pas encore une réalité. Lorsque vous vivez avec une maladie chronique comme la polyarthrite rhumatoïde, le coût des médicaments peut être assez élevé, surtout si vous avez reçu une ordonnance pour un produit biologique ou biosimilaire qui peut coûter des milliers de dollars par année. Votre santé doit être une priorité, mais face à la hausse du coût de la vie, votre capacité à payer n’est pas illimitée.
Payer vos médicaments
Malgré le défi très réel que représente l’achat des médicaments dont vous avez besoin, la bonne nouvelle est que vous n’êtes pas seuls. Plusieurs programmes existent pour vous aider à réduire les coûts.
Assurance maladie personnelle
Près du deux tiers des Canadiens adhèrent à une assurance maladie, souvent offerte par l’employeur. Si vous aviez accès à un régime d’assurance maladie privé avant votre diagnostic de PR, il peut couvrir la plupart ou la totalité des médicaments qui vous sont prescrits.
En ce qui concerne le traitement très coûteux de la PR, certains régimes privés paieront pour les produits biologiques, surtout après l’échec du traitement à l’aide d’autres médicaments (moins chers). Aux États-Unis, on parle beaucoup de la façon dont les politiques axées sur le paiement seulement après un échec peuvent compliquer le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Cependant, nous n’en parlons pas beaucoup au nord de la frontière et il peut être un peu surprenant d’apprendre que cette situation existe aussi au Canada. D’autres assurances maladie privées peuvent exclure les produits biologiques de leur couverture, simplement parce qu’ils sont trop chers. Si c’est votre cas ou si vous n’avez pas d’assurance maladie privée, il existe d’autres options.
Régimes provinciaux d’assurance médicaments
Les provinces sont responsables de la gestion des soins de santé, y compris des régimes provinciaux d’assurance médicaments. Par exemple, ce programme s’appelle le Programme de médicaments Trillium en Ontario et Pharmacare en Colombie-Britannique. Vous pourriez être admissible à un tel programme si le coût de vos médicaments est élevé par rapport à votre revenu.
Votre pharmacien est votre meilleur allié dans la recherche de ressources pouvant vous aider à réduire les coûts de vos médicaments. Votre médecin et son équipe connaissent peut-être des programmes qui peuvent vous aider, mais votre pharmacien est beaucoup plus susceptible d’en connaître les tenants et les aboutissants. En fait, lorsque j’ai eu de la difficulté à payer mon propre traitement contre la PR, mon pharmacien a été la première (et la seule) personne à me parler du Programme de médicaments Trillium. Il avait même une pile de formulaires de demande derrière le comptoir.
Lorsque j’ai fait la demande pour la première fois à un programme de soutien aux médicaments en 2004, il a fallu des mois pour que la paperasse soit traitée. Pendant cette période, ma santé s’est considérablement détériorée. J’ai subi des dommages permanents, car ma PR n’était pas contrôlée. J’ai entendu dire que le temps d’attente est beaucoup plus court maintenant. Assurez-vous de rester en contact avec votre rhumatologue en attendant l’approbation de votre demande. Il pourra peut-être vous aider à accélérer le processus ou à gérer vos symptômes entre temps.
Ces programmes sont souvent essentiels aux personnes qui prennent un médicament biologique, mais ils sont également offerts pour d’autres médicaments. Si vous avez de la difficulté à payer vos médicaments ou si vous sautez des doses parce que vous ne pouvez pas vous permettre d’acheter la dose recommandée par votre médecin, informez-vous sur le régime d’assurance médicaments de votre province. Il pourrait vous aider à avoir accès aux médicaments dont vous avez besoin pour bien vivre.
Programmes de soutien spécifiques aux produits biologiques
En vous prescrivant un médicament biologique ou biosimilaire, votre médecin vous inscrira à un programme de soutien offert par la société pharmaceutique qui fabrique le médicament. Ces programmes envoient généralement une trousse d’accueil avec de l’information sur le médicament, des instructions pour le prendre et même des fournitures, comme un sac de voyage isotherme. Du personnel est également disponible pour discuter de tout problème que vous pourriez avoir et répondre à vos questions, notamment sur les obstacles financiers. Le personnel peut être en mesure de vous aider à trouver un programme ou une combinaison de programmes pouvant vous aider à payer le médicament. Si vous vous retrouvez coincés entre la fin d’un programme de remboursement et l’approbation d’un nouveau ou toute autre situation d’urgence, cette équipe peut même vous aider en vous fournissant une ou deux doses gratuites du médicament pour que votre PR demeure sous contrôle.
Les sociétés pharmaceutiques fournissent également un soutien pour d’autres types de médicaments. Certaines proposent un programme de co-assurance pour certains de leurs médicaments, ce qui peut réduire considérablement le coût d’une ordonnance. Encore une fois, votre pharmacien est la meilleure source pour obtenir plus d’information. Demandez-lui si les médicaments que vous prenez ont des équivalents ou sont offerts avec une co-assurance ou un programme de soutien. En collaboration avec votre médecin, votre pharmacien pourrait trouver un autre médicament moins coûteux. Vous pouvez également discuter avec lui des versions génériques d’un médicament, qui sont souvent moins chères.
Concrétiser le projet d’assurance médicaments
Le Canada parle d’adopter un régime national d’assurance médicaments depuis des années, mais les progrès sont lents même si les données montrent de nombreux avantages tant au niveau individuel que sociétal. En tant que personnes vivant avec une maladie chronique, nous avons tout intérêt à ce que ce régime d’assurance médicament voit le jour. Si vous en avez l’énergie, partagez votre histoire avec vos élus fédéraux et les candidats qui se présenteront aux prochaines élections. Dites-leur que la mise en place d’un régime national d’assurance médicaments est un facteur important dans le choix du candidat pour qui vous allez voter. En veillant à ce que les candidats de tous les partis sachent que leurs électeurs appuient l’assurance médicaments, il y a plus de chances que ce projet se concrétise.
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